Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 20:06

Monsieur le Sénateur-Maire,

 

J'ai appris avec stupeur votre décision d'interdire la distribution alimentaire organisée par "Tends la Main"  à destination des sans-abris. La première fois que je suis tombée sur cette information sur internet, j'ai cru à une fausse information ou à un mauvais coup dû à la campagne électorale. 

 

Après avoir pris la peine de vérifier, l'information était donc vraie. Vous avez souhaité interdire une distribution alimentaire pour "cause de nuisance sonore".

 

Cette distribution alimentaire a tout de même eu lieu grâce à la participation des bénévoles, des restaurateurs, des commerçants, des agents de police.Vous avez souhaité interdire une distribution alimentaire soutenue et encouragée par le Samu Social.  J'y suis allée. L'ambiance était belle et les sourires étaient sur les lèvres.  Dans le calme, des personnes venaient apporter des dons qui étaient distribués à des personnes démunies qui ont aussi le droit à la dignité. Un repas chaud était offert. J'ai vu des personnes heureuses de pouvoir manger et touchées par cette initiative solidaire. 

Qu'il fut bon de sentir cet air de générosité, de voir la solidarité en activité. Ainsi de faire vivre cette belle valeur républicaine qu'est la fraternité, ce mot gravé sur le fronton de la mairie. L'avez-vous oublié?

 

Quand à vos craintes des nuisances sonores, je les ai entendu du côté des étudiants bourrés sortant des bars mais de notre côté, pas de nuisance sonore. Vous avez voulu interdire une initiative solidaire au coeur de Dijon pour les sans-abris, cette joie de partager et ce magnifique moment créatif du lien social. 

 

Dites-moi, quand vous organisez des concerts place François Rude; vous vous souciez autant des nuisances sonores?

Ou bien es-ce que vous ne voulez pas voir la pauvreté qu'il y a dans votre ville? " Cachez -moi donc cette misère que je ne souhaite voir et qui dérange la tranquillité des habitants," des chanceux qui ont un abris du chauffage et de quoi manger..Non monsieur le Maire, ce ne sont pas les sans-abris qui doivent vous déranger mais c'est la misère dans laquelle ils vivent. Et vous devriez vous soucier que dans votre commune, il n'y ait pas de personne souffrant de la faim. 


 Cette initiative est née il y a quelques jours à la suite de panne de chauffage à la Fontaine d'Ouche, deux magnifiques filles se sont dit que  si elles ont souffert du froid pendant un jour, qu'es-ce que ça doit être pour les sans-abris. Elles ont été émues par la solidarité qu'a pu bénéficier le quartier de la Fontaine d'Ouche et elles se sont dit que les sans-abris qui ne vivent pas dans des endroits avec chauffage et qui ne mangent pas à leur faim ont droit à la solidarité.

 

De nombreuses  personnes ont répondu à leur appel pour une distribution alimentaire. Un restaurateur a donné des terrines, un autre des couverts. Un fermier a donné des légumes. Des boulangers ont donné des viennoiseries. Le soir de la distribution, une personne qui avait une camionnette a permit de transporter la nourriture vers des squats. Une personne qui était revenue de cette distribution m'a d'abord dit son choc de voir dans quel environnement une famille y vivait et m'a décrit la joie de cette famille de recevoir de la nourriture. C'est ce bel élan de solidarité que vous avez souhaité interdire monsieur le Sénateur-Maire. Je dois faire remarquer que Laurent Grandguillaume a lui été présent et a apporté son soutien à l'opération. Prenez donc exemple sur le disciple dijonnais de Jaurès. 

 

 

Comment pouvez-vous parler de la justice sociale dans vos discours quand derrière votre bureau vous interdisez une distribution alimentaire?  

 


Cette lettre ouverte est née d'un trop plein de révolte et d'indignation. Je suis de gauche. Et je n'accepte pas que les valeurs de la gauche soient bafouées par vos décisions qui sont contraires à toutes les principes progressistes; humanistes. Je ne peux accepter une politique d'exclusion pour certaines catégories de personnes. 

 

L'an dernier, vous avez soutenu la politique d'expulsion massive des Roms du gouvernement Sarkozy.Pourtant, le Conseil de l'Europe a  jugée ces expulsions  de "discriminatoire"  et "contraire à la dignité humaine". Les experts du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU ont dénoncé une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie dans l'hexagone notamment contre les Roms.

 

A qui le tour? après les roms et les sans-abris? Quelles sont les prochaines personnes à qui vous allez exclure du droit à la considération humaine avec ce que celà comporte en droit notamment à la dignité? 


 

Il parait que vous ne voulez pas des SDF au centre-ville de Dijon. Pour des raisons de tranquillité publique.  J'ai un exemple à vous suggérer: la Hongrie qui a voté  une loi rendant les sans-abris passibles de poursuites criminelles. A Budapest, cette mesure a poussé des centaines des SDF à quitter la ville de peur d'être arrêtés. Voilà une mesure qui viderait le centre-ville des SDF. Mais bon, tout celà est bien loin des valeurs de la gauche..

 

Déjà dans le passé vous avez renié l'Histoire de la gauche en traitant la ligue des droits de l'Homme de "gauchistes" lorsque vous expliquez refuser de participer à la manifestation" face à la xénophobie et à la politique du pilori: liberté, égalité, fraternité!" organisé par la ligue des droits de l'Homme contre l'avis du Parti Socialiste qui avait appelé à soutenir cette manifestation. 

 


Déjà à cet époque, j'étais déçue de vous voir tourner le dos à l'Histoire de la  Gauche oubliant qu'une des pages de l'Histoire de la gauche avait était signé au siège de la ligue des droits de l'Homme. En juillet 1937, Léon Blum avait été invité à prononcer un discours au congrès de la LDH, qui se tenait à Tours. Il s'attacha à justifier le rôle que la Ligue des Droits de l'Homme avait joué dans la constitution du Front populaire.

 

 

Rappelez-vous que le vote n'est pas un chèque en blanc donné aux politiques, qu'il donne davantage de devoirs que de droits. Et qu'en vous présentant aux élections du côté de la gauche, on attend de la cohérence entre votre politique et les valeurs de la gauche. Je m'inspirerai de l'article 35  de la Constitution du 24 juin 1793 pour dire " Quand des politiques de gauche violent  les valeurs de la gauche, la critique est pour le citoyen de gauche le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs". 


Ce n'est pas par gaîté de coeur  de s'adresser à un membre de son camps politique pour lui faire ces critiques. Je souhaite le triomphe de la gauche progressiste juste et humaniste au pouvoir. Non pas juste pour le pouvoir mais pour la réalisation du progrès pour toutes et tous.

Par le passé, je vous ai soutenu croyant à vos discours. Mais des actes comme dénoncés dans cette lettre brisent la confiance. Et voyez-vous, je comprends parfaitement la grande méfiance qu'ont les gens envers les politiques. Ceci conduit à l'abstention. Et je pense que tout celà est un véritable problème démocratique.

 

En face de François Mitterrand, Daniel Balavoine dénonçait  déjà ce décalage entre l'action politique bien loin des préoccupations des citoyen(ne)s et l'ignorance de la misère. Son coup de gueule est encore d'actualité. Et il disait celà

"Le desespoir est mobilisateur. Et lorsqu'il est mobilisateur, il devient dangereux". Le silence des uns fait le lit des autres. Et je souhaite que la France reste républicaine à l'abris des extrémismes. Je ne peux admettre de laisser à l'abandon des gens qui vivent dans le froid et la faim et que la réponse à la misère soit l'ignorance surtout de la part d'un parti qui a le "social" dans son nom.

 

Avec les actes dénoncées dans cette lettre, il faudrait m'expliquer où  trouver le changement dont vous parlez tant quand on a le sentiment de revoir une politique déjà vue, quand rien nous donne à voir qu'avec "le changement", les plus démunis et les délaissés seront pris plus en considération qu'aujourd'hui et qu'ils ne seront pas exclus du "changement" tant promis. Et que pensez-vous faire pour que le fossé entre les élus et le peuple disparaisse? Car pour ma part, interdire une distribution alimentaire à des sans-abris, c'est vraiment perdre le sens de la réalité

 



 

.

 



Partager cet article
Repost0

commentaires