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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 20:10

Paru au New York Times le 9 septembre 2013

 

L'histoire est simple. Ici en Syrie, il y a un régime qui tue ses sujets en impunité depuis 30 mois. La notion selon laquelle il y a une guerre civile mystérieuse qui est inextricablement liée à la nature du Moyen-Orient et de ses divisions sectaires complexes est loin de la vérité.

 

Le premier responsable de la violence est le gouvernement de Bashar Al Assad avec les contrôles des ressources publiques, les médias, l'armée et les services de renseignement. Les civils qui se sont levés contre le régime, d'abord pacifiquement puis à travers la résistance armée, constituent un large spectre de la société syrienne.

 

Quand un gouvernement assassine ses propres citoyens et qu'ils résistent, ceci peut  difficilement être appelé une guerre civile.

 

C'est une campagne barbare du premier degrés. Durant la première année de la révolution, les syriens ont demandé une protection internationale. Nous avons d'abord demandé une zone d'exclusion aérienne ou des corridors humanitaires, plus tard des armes et de l'aide militaire pour l'Armée Syrienne libre mais sans succès.

 

Pas un mois ne passe sans que des américains ou les officiels de l'Otan n'expriment  le désir d'intervention. Réalisant que cette attitude n'était pas prête de changer, la violence du régime a escaladé. Il attaquait les rebelles avec tout ce qu'il avait; d'abord avec des fusils, ensuite avec des tanks, hélicoptères, avions de guerre, missiles et gaz toxique.

 

Pendant ce temps là,  les pouvoirs occidentaux masquaient leur inertie diplomatique avec une rhétorique vide à propos de" solution politique".

 

Pourtant ils avaient échoué à cajoler le régime -qui n'avait pourtant pas indiqué qu'il était prêt à abandonner " la solution militaire"- pour aller à la table de négociation.

 

L'inaction a été catastrophique.  Pendant que le monde hésitait, les syriens faisaient l'expérience d'une violence sans précédent.

 

Autour de 5000 syriens ont été tués en 2011. Environ le même nombre de personnes sont actuellement tués chaque mois. Le régime a ciblé les lignes en dehors des boulangeries. Il a utilisé des missiles russes pour bombarder des zones densément peuplés et des activistes locaux disent qu'ils ont documenté les 31 occasions quand les armes chimiques ont été utilisé ( les officiels des Etats Unis ont confirmé seulement quelques-uns parmi ces attaques"

 

Nombre incalculables de syriens, parmi eux des femmes et des enfants, ont été soumis à la détention arbitraire, le viol et la torture.

Pas moins de 7 millions de gens, un tiers de la population de Syrie est maintenant déplacé soit à l'intérieur soit à l'extérieur.

 

Ces violations ont été documentées par des organisations internationales dont Human Rights Watch et le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies. Ces organisations ont plusieurs fois tenté de référer le dossier syrien à la Cour Pénale Internationale mais les barrières russes et chinoises ont  barré leur route.

 

La Russie et la Chine ont utilisé leur privilège veto dans trois occasions, bloquant les résolutions du Conseil de Sécurité condamnant les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité du régime. La Russie a continué à fournir armes et couverture diplomatique au régime qui est devenu plus dangereux de jours en jours.

 

En Occident, les réserves sur le soutien des rebelles syriens qui semblaient être durs et immoraux sont maintenant justifiées à cause du spectre du jihadisme. Mais cette vue est myope.

 

Les groupes jihadistes ont émergé brutalement 10 mois après que la révolution a commencé.

Aujourd'hui ces groupes sont un fardeau sur la révolution et le pays mais pas sur le régime.

Au contraire, leur présence a permis au régime de préserver sa base locale et a servi pour renforcer sa cause parmi ses audiences internationales

 

Il est malencontreux de présumer que la chute d'Assad signifiera le triomphe djihadiste, mais malheureusement c'est la base de la position occidentale.

 

Une interprétation plus juste est que si Assad survit, alors le jihadisme est sûr de prospérer

 

Ce que les syriens ont besoin est un gouvernement légitime  qui est assez fort pour délégitimer les milices, de désarmer et de les intégrer, et d'appliquer des politiques adéquates pour y faire face.

 

Le gouvernement Assad n’a pas de légitimité populaire. Seule sa démission peut signaler le début de la fin du nihiliste  jihadisme et puis le début de la reconstruction de la Syrie.

 

La justice et l’humanité demandent à ce que le régime d’Assad soit puni pour ses crimes.

Même si russes et chinois ont réussi à altérer le Conseil de sécurité, il est toujours possible pour une coalition internationale et régionale de mener à bien cette tâche.

 

Une intervention à demi-teinte ne sera pas suffisante. Les Etats-Unis et  ceux qui se joignent  ne doivent pas seulement « punir » le régime pour son utilisation d’armes chimiques seul  sans  avoir un impact décisif sur les événements en Syrie. Faire cela serait un gâchis d’efforts et un envoie d’un mauvais message.

 

Nous syriens sommes des êtres humains de ce monde, et le monde doit stopper  le régime d’Assad de nous tuer. Maintenant

 

Yassin Al Haj Saleh,  écrivain et activiste a été un prisonnier politique de 1980 à 1996

 

Texte traduit par Sara HORCHANI

 

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commentaires

S
http://www.nytimes.com/2013/09/10/opinion/a-syrians-cry-for-help.html?smid=fb-share&_r=1&
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